Le traité de l’alcool




 Partout et ailleurs, de plus en plus, l'alcool réclame sa place. Cette petite boisson, douce pour certains et piquée pour d'autres, est dans les salons, dans les jardins, dans les boîtes de nuit, dans les lits sexuels, dans des palais présidentiels, etc ; elle est donc dans les villes comme dans les mornes. Des groupes musicaux ne cessent d'épauler le tafia, en Haïti. C'est le cas entre autres de « System Band » avec son titre « Asowosi », du groupe « Koupe Kloue » dans son hit « Kleren dous pase siwo ». En effet, l'alcool ne se contente pas seulement de gagner des espaces mais aussi des têtes; le nombre de buveurs augmente. Paradoxalement d'un autre côté, on veut faire croire que l'alcool est un stupéfiant, c'est-a-dire il est déconseillé aux gens, automatiquement un stéréotype est crée autour de l'alcool.

Par rapport à ce dilemme, l'intervention des penseurs est nécessaire pour qu'ils puissent apporter leur lumière à ce sujet qui semble être confus. Parce que je n'arrive pas à comprendre comment une substance qui est consisérée comme stupéfiant, soit si fréquente dans des espaces à hautes considérations. En ce sens, je me demande est-ce que tous ceux qui parlent de l'alcool savent bien de ce qu'ils parlent et s'ils en savaient, quels sont leurs intérêts dans ce qu'ils disent ?

Moi, au péril de ma réputation, je crois qu'il existe deux catégories de gens qui ont des opinions à l'encontre de l'alcool : d'abord ceux qui ont peur de la vérité et ceux qui ignorent ce qu'est en réalité cette boisson ainsi que la réalité du monde.

D'abord je veux faire une mise en garde avant d'entrer dans les réflexions. Pour les religieux et les moralistes, au premier à bord, je présume qu'ils pensent que cet article est le produit du tafia. Je réponds, non. Cependant je suis convaincu si c'était vraiment le cas, le texte serait meilleur. En dépit de tout, je ne suis pas celui qui fait l'apologie de l'alcool, car je ne suis ni propriétaire de guildives ni je ne travaille pas pour une usine de boisson alcoolisée; je suis très intelligent. Mais entre la vérité et l'autre je fais le choix de la vérité. Une vérité que je trouve entre l'homme vrai et celui qui n'en est pas. Néanmoins, peu importe vous pouvez donc penser ce que vous voulez.

Les complexes ont une source de construction. Et il y a ceux qui se conforment à cette situation. Généralement leur jugement dépend d'un constructeur. La société est la mère et la source de tous les complexes, c'est elle qui les crée. En retour, les complexes alimentent la société, elles donnent de la forme. C'est la société qui décante ceux qui boivent de l'alcool des non buveurs alors qu'elle ne différencie pas les buveurs de jus des non buveurs de jus. Cela vous donne l'intention que le jus est bon et l'alcool est mauvais, et donc l'alcool devient un objet de jugement. Ainsi, de manière inconsciente, la société vous efforce à formuler des jugements, des jugements qui suivent seulement le circuit dessiné par la société elle-même.

En ce qui a trait à l'alcool détrompez-vous ! Quelqu'un qui boit de l'alcool ne recherche pas le bonheur comme on pourrait le penser, mais plutôt le plaisir. Boire de l'alcool n'est pas un plaisir vain. Avec de l'alcool d'autres mondes sont découverts. Ce n'est pas comme l'un des personnages des dix hommes noirs d'Edzer Vilaire, « un désespéré qui a l'alcool comme recours à son chagrin, sa race est méprisée, personne pour le secourir ». Mais les buveurs de l'alcool savent comme Épicure que l'unique bien est le plaisir ; il n'est pas bête de s'enquérir du plaisir. Donc, il ne faut pas prétendre que d'autres valeurs sont supérieures au plaisir. Pour aucune raison au monde, le plaisir ne doit pas être supprimé. J'admets que tout plaisir n'est pas à rechercher, cependant les critères pour juger le plaisir c'est le plaisir, disait l'autre. En ce sens, les morales qui condamnent le plaisir doivent être banni. Ainsi, Bentham pense-t-il que « le but de la vie est dans le plaisir ». D'abord l'homme est le produit du plaisir puisqu'il est né du sexe.

Dans le vaudou, c'est le Gédé qui permet à la femme d'être vrai, c'est-à-dire la femme n'est plus égoïstes car elle livre de la connaissance à tous, car c'est son égocentrisme qui lui permet de cacher des trésors comme le koko, les tete kanpe, les bèl pwèl et les beaux mots ; l'esprit supérieur a dit non. Comme l'esprit supérieur, le tafia est le suprême de la connaissance. Vous pouvez voir sous l'effet suprême du tafia, les mots sont égaux dans la balance de la pensée ; avec du tafia en tête l'articulation est toujours mieux qu'au par avant ; la timidité qu'est une forme d'ignorance, elle est partie; lorsqu'on est libre, on est excellent dans les pensées et l'alcool est le libérateur de l'âme ; et qu'en vérité des bonnes réflexions sont le fruit du tafia. Et, Sartre croyait que « toute la dignité de l'homme était dans la pensée ». N'avez-vous pas trouvé c'est un paradoxe de voir décorer le salon d'un président, d'un roi, d'un prêtre, d'un pasteur avec une chose prétendument mauvaise, l'alcool ?

D'abord les arguments qui ne sont pas favorables à l'alcool sont de trois types : religieux, social et médical. Parce que ce sont en général ces trois critères que l'on retient pour juger les buveurs d'alcool. On dit souvent que l'alcool tue, détourne l'individu, je n'y crois pas. L'incohérence c'est que ceux qui portent ces genres de discours sont parfois des religieux, alors que pour les chrétiens le destin de l'homme est tracé, c'est-à-dire Dieu connait le devenir de l'homme et c'est lui qui l'a planifié. Donc, personne ne peut contrarier le plan de l'être suprême. En vertu de cette conception, quelque soit le volume d'alcool consommé par quelqu'un, sa vie devrait être inébranlable ; la mort vient que quand la programmation de Dieu arrive à son terme. Aussi, quand quelqu'un change-t-il sa manière de vivre, puisqu'il est buveur d'alcool, on dit qu'il est détourné sous le cours de l'alcool; moi, je pense que ce n'est pas l'alcool qui est responsable si en réalité il se détourne, mais c'est plutôt le plan de Dieu qui s'achève. Il faut que les chrétiens cessent cette incohérence, question d'acculer l'alcool de tueur, objet de détournement alors qu'ils croient en Dieu. Certainement les chrétiens ont une croyance mesurée.

Les énoncés médicaux abondent dans le même sens que ceux des chrétiens, mais à leur manière. Ils admettent aussi que l'alcool tue, détourne en quelques sortes, l'individu, c'est-à-dire l'alcool détruit l'organisme ou il est la cause de quelques troubles psychologiques, mentaux. Mais ce qu'ils oublient, ce n'est pas seulement l'alcool qui détruit l'organisme. D'abord quelle est la prétention de la médecine ? Comme pour Xavier Bicha la vie c'est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. Donc, la médecine fait la maintenance du corps pour prolonger ces fonctions qui résistent à la mort. Or qu'est-ce qui peut jusqu'ici contrôler ou résister à la force du courant du triangle de Bermudes ?Et bien personne ne peut contrôler ou surveiller la mort.

Les réflexions médicales sont de mêmes en ce qui à trait à la consommation de sucre, des graisses ou d'autres aliments, c'est pourquoi la médecine parle de la consommation modérée de ces types d'aliments. Mais on a beaucoup plus insisté sur le malheur de l'alcool que les autres. Pourtant, il est plus facile de pratiquer la modération dans la consommation de l'alcool que les autres éléments. 

Il faut que cette science soit consciente de ses limites. D'abord, aujourd'hui elle a pour but d'enrichir mais elle ne soucie jamais de l'homme. Lors de l'apparition de la médecine moderne, elle était un sacerdoce, aujourd'hui elle n'est plus le cas. Elle n'est plus pour les pauvres. En dépit de tout les pauvres restent attachés à elle : c'est comme si c'était un dumping. 

Aussi, faut-il reconnaitre que l'alcool n'est pas le responsable du premier fou et le premier mort de la terre ; il n'est pas non plus le responsable du plus grand nombre de fou et de décès dans le monde. À mon avis, le sida et la faim ensemble ils détruisent beaucoup plus de personnes que l'alcool.

Malgré le pays est tropical, bon nombre d'Haïtiens ne négligent pas le tafia. En Haïti nous avons une histoire avec l'alcool. D'abord les guildives sont parmi les premiers ateliers de transformation qui existaient après l'indépendance ; les Haïtiens sont hérités du tafia. En plus de tout cela, la production d'alcool contribue à l'économie nationale depuis après la libération de l'esclavage et jusqu'ici ; l'une des plus vieille usine du pays est celle de boissons alcoolisées, le Barbancourt, datée de 1862, la fierté d'Haïti.

Tout est bon tout est mauvais. Malgré les services rendus par l'alcool, il reste l'une des choses à contrôler dans le pays. De ce fait, je crois qu'il faut non seulement être stricte sur la formalité de la vente de l'alcool, mais aussi faut-il une autre vision de la société. L'alcool n'est pas le problème en soi, mais c'est la gestion de la société qui doit être bonne. 

Quand Jules Noisette détenteur d'un doctorat ou d'une maîtrise ou d'une licence dans un domaine boit de l'alcool, par rapport à Ti Pyè, un des sans instruction et éducation, les résultats ne sont pas les mêmes. Car l'alcool ne fait que le suivi de ce que vous êtes comme personnage ou personnalité. En effet, il faut construire des individus de qualité et non pas déclencher une bataille pour réduire la quantité de buveurs d’alcool.


Lopkendy JACOB

Lopkendyjacobrne@gmail.com

Commentaires

  1. Très beau texte avec des tournures de style vraiment supers!
    Content de te lire!
    Josué A.

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